Il ne faut pas confondre: page blanche et peur bleue ...

Putain, je suis sûr que j'en avait rangé par là ... c'était entre mes plans machiavéliques pour conquérir le monde et mes pensées perverses et honteuses (comme mettre du Annie Cordy sur mon MP3 ... enfin des trucs sales!). C'est toujours commme ça j'ai des idées lumineuses de cours aussi novatrices pour l'enseignement des arts appliqués qu'un économe qui aspire les épluchures de patates et les distille automatiquement pour en faire du sirop pour la toux. Mais voilà bien souvent je me retrouve frappé d'alzheimer pédagogique, du syndrome du poisson rouge (le même syndrome qui peut vous faire envisager de donner pour la 3ème fois consécutive le même cours à une classe qui ne s'était déjà pas aperçu de la supercherie de la 2ème tentative )(oh un nouveau range CD !!!)

Et là c'est l'angoisse de la page blanche, l'écran de l'ordinateur ne fait que me renvoyée la lumière blafarde de mon manque d'inspiration chronique, la page immaculée ne s'agite qu'au rythme de ce foutu petit tiret d'écriture qui clignote éhontément en haut à gauche, me nargant comme une octogénaire hémophile en bas résille face à un requin gérontophile. Il faut savoir que moi je n'ai pas ce filet de sécurité qu'est le bon gros manuel scolaire, je ne peux pas arriver en cours et dire: "bon vous prenez vos craies grasses et vous ouvrez votre livre page 57 , vous faîtes l'exercice n° 3 , la collection de timbre sur la reproduction du "Sacre de Napoléon" par David, vous avez jusqu'à la fin de l'heure ..." " la semaine prochaine, on corrigera l'exercice n°2, le presse-agrume en origamie" (un presse agrume en origamie c'est pas bête ....)arrrrggggg!!!

Voilà près de 3 heures que je creuse, que je bine, que je ratisse en long en large et en travers mon cerveau en friche, que je me perds dans les sombres recoins de l'arriére boutique, il faut vraiment que je pense à organiser un déstockage massif, une brocante d'idées poussives et obsolètes,genre : "comment on utilise un walkman" à la benne! Pour l'achat du souvenir "des airs de flûtes à bec au collège", "le générique de fin du club Dorothée avec les listes des benets anniversairés du jour" offert!! Je solderai également mon idée de "trampoline tricoté à la main", et mon projet de "baskets "Waïkiki" qui font de la lumière quand tu marches", que j'avais eu à l'âge de 6ans et demi, puisque je me suis fait piquer le concept par "la halle aux chaussures", mais ça peut amuser les enfants ... et évidement il y aurait un présentoir avec tous mes plans dragues du primaire: le tirage de couettes pour attirer l'attention, le coup de la générosité "tu veux mon 2ème Raiders?" (et oui 2 doigts coupe faim !! c'était pas encore Twix!!), le marchandage "si t'es ma petite amie, je te donnerai mon kiri à la cantine et si tu m'embrasse je te donne mon écusson d'Olive et Tom celui sur fond bleu où ki fait le tir de l'aigle! ",ou encore le chantage , mon préféré, "Si tu me montre ta culotte je dirais pas à la maikresse que tu fais rien qu'a montré ta culotte!!" simple mais efficace (je vais peut-être la garder celle là ...). Et voilà c'est exactement comme essayer de ranger sa chambre et de tomber sur un carton rempli de photos, on finit par même plus savoir si c'est de la moquette ou du lino qu'on avait au sol.

Le temps semble s'écouler de plus en plus vite. Quel dommage que mon brevet de rustine temporelle n'ai pas émue davantage le monde scientifique, et ce malgré ma publication dans "Picsou magazine" où j'exposais ma théorie de géo-temporalité:
le temps est fonction de l'endroit où il s'exerce sur nous, là face à mon écran aussi blanc qu'un dessous de testicule (mais oui ce n'est qu'une image ... )le temps file (barney, Collins, à thélie ... désolé...)comme un élève à la dernière sonnerie un vendredi soir, alors que sur les coups de 18h entre porte de bercy et porte de bagnolet vous avez le temps de faire un sudoku tout en relisant la Pléïade et de finir votre toile de trampoline au point de croix....

Les secondes tombent lourdement au sol rejoignant ma patience et les photos de ma classe verte en CE2 ( faut dire que j'avais de la gueule avec ma cagoule à laquelle un ingénieux tortionnaire d'enfant ou un styliste de chez GEMO avait eu la bonne idée de rajouter une sorte de petite visière ...). Plus le temps passe et plus je m'imagine arriver dans ma classe sans cours, nu (et c'est pas une image, je me dis qu'au moins je ferais diversion une dizaine de minutes avant qu'ils s'aperçoivent que j'ai été aussi rigoureux dans mon travail qu'un féministe qui coud des burkas, c'est à dire finalement aussi rigoureux qu'eux...). Ou alors je pourrais trouver une excuse crédible:
- mon chien a mangé mon cours.
- J'vous jure, je l'ai fait mon cours! je comprends pas, on a dû me le voler dans le bus.
- mon petit frère a défequer dans mon cartable.
- oh! je comprends pas! C'est l'encre qui a due s'évaporer.
- la photocopieuse refusait d'imprimer les voyelles!
- écoutez, aujourd'hui je me sens pas bien, mon ancienne maîtresse de CE2 s'est noyée dans une cabine d'essayage de la halle aux vêtements.
- c'est vrai je n'ai rien fait ,mais vous avez vu cette cicatrice de varicelle sur ma fesse droite!
- Par décision présidentielle les arts appliqués viennent d'être supprimés de votre programme. Aujourd'hui comment manier la matraque sans se fouler le poignet ...

AH! non ça y est! oh putain! j'ai eu chaud! On a frôlé la désertion pédagogique !
On va faire un presse agrume en origamie !!